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Depuis quelques années, les tatouages couvrent les fesses et les épaules de tout le monde, le pourcentage de jeunes ayant un motifs encré sur le corps ou prévoyant d’en faire un dans un futur proche est en constante évolution.
Je suis peut être une vieille réac rabat-joie, mais je ne comprend pas cet engouement, cette mode qui transforme chacun de nous en humain multicolore.
Les tatouages ont des origines très anciennes, le plus souvent lié à des rites religieux, des statuts sociaux, etc… Mais aujourd’hui, nous nous prenons juste pour des toiles vierges, nous recouvrons nos peaux de motifs plus ou moins esthétiques, ayant une valeur plus ou moins importante à nos yeux.
Combien de gamines de 18 ans, se font tatouer des dessins dont elles ne comprennent même pas le sens réel? Combien de ces ado vont regretter plus tard le fait de s’être fait ce maudit signe de l’infini juste parce que Instagram en montre à foison?
Combien de personne ai-je pu voir, commençant un petit motif discret finissent recouvert de dessins de la tête au pied, l’encrage étant devenu pour eux une véritable addiction?
J’ai de nombreux piercings, donc je sais que vous pouvez sans soucis me renvoyer la balle, en m’accusant du « faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais », je ne tenterais pas de me défendre sur cela, car les piercings ne laisse que rarement de très grosses cicatrices difficiles à dissimuler. Il est possible pour la grande majorité de les retirer si le besoin se ressent, ou si cela devient contraignant.
Mais comment faire pour celles et ceux dont le corps se recouvre chaque mois un peu plus? Comment dissimuler les tatouages des mains, du cou, ou même du visage? Je me dois de rappeler que la grande mode actuelle est le tatouage des phalanges, ou pour les femmes des manchettes entières.
La société, pour le moment, ne jette pas un oeil extrêmement bienveillant sur ce genre d’excentricité. Au moindre écart de conduite, vous êtes jugés, observés, critiqués par les foules, par vos futurs employeurs, les membres de votre famille, vos voisins, …
Je ne dis pas non plus de renier ce que nous sommes, d’adopter le costume cravate pour faire bien, ou le tailleur féminin. Je ne dis pas qu’il faille non plus se taire sous la pression sociale. D’ailleurs, il me semble, que c’est ce que je suis en train de faire, beaucoup de gens ne comprennent pas et n’acceptent pas le fait que je vois le tatouage d’un oeil si négatif (mais cela est lié à mon expérience de vie, rien de plus).
Je sais ce que c’est que d’être mis à l’écart car on n’entre pas dans un carcan, car, on ne suit pas le troupeau, je sais que l’on peut en souffrir, que l’âge calme, du moins en partie nos folies de rebellion.
Je sais aussi que lorsque l’on est jeune, il est simple de faire des erreurs et de les regretter quelques années plus tard.
Je ne dis pas que toutes et tous les nouveaux tatoués actuels vont regretter leur choix dans les années à venir, mais je dis que beaucoup tenteront de recouvrir les marques de leur corps par d’autres motifs encore plus conséquents, voire pour certains de les effacer grâce au laser.
Nous sommes tous libres de faire nos choix dans la vie, de vivre à fond nos erreurs, souvent à l’adolescence ou au sortir de celle-ci nous ne réfléchissons pas au futur de nos actes, nous vivons sur le moment, pour notre propre plaisir mais aussi pour faire plaisir au groupe dans lequel nous aimons évoluer, généralement nos groupes d’amis.
Il est difficile de garder toute sa vie durant les stigmates de nos erreurs de jeunesse, principalement lorsque ces faits sont liés à des personnes qui nous manquent, auxquelles nous avons définitivement tourné le dos, ou que sais-je encore.
Le tatouage n’est pas à envisager comme une simple mode. Contrairement aux multiples colorations capillaire (qui là encore se démultiplient, surtout si on prend des exemples à Los Angeles, cela semble moins courant en France et en Europe), il est difficile de récupérer sa couleur de peau d’origine, au contraire de ses cheveux, qui ne nécessite qu’une visite chez le coiffeur.
Lorsque j’ai travaillé comme pierceuse, c’était il y a maintenant, trèèèèès longtemps, nous avions tous des anecdotes à raconter, je me souviens d’un collègue qui avait vu entrer une fille et son mec dans le salon, la fille ne parlait pas ou très peu, complètement sous la coupe du mec qui l’accompagnait.
Lui voulait qu’elle se fasse tatouer sur les reins, ou sur les fesses (je ne sais plus) « la pute à Pharell ». Mon collègue a refusé catégoriquement, mais rien ne dit si ce couple n’a pas trouvé un tatoueur sans vergogne pour faire le travail.
A l’adolescence, nous sommes souvent plus manipulables, que ça soit encore une fois par effet de groupe, ou encore pour contrarier nos parents, il est donc plus simple de se laisser entraîner dans des situations que l’on ne pourra gérer par la suite. Cela ne s’applique pas forcément qu’au domaine des modifications corporelles, mais aussi dans les domaines de la drogue, du sexe, etc…
Je n’aime pas le tatouage car à mes yeux (ce que je dis est purement MON point de vue) il dissimule le corps, il cache sa beauté et ses défauts, il cache la pureté, il dissimule notre réalité.
Beaucoup diront que le tatouage est une manière de s’exprimer à travers un art, mais c’est un art pérenne, qui ne s’adapte pas à l’évolution psychologique que nous subissons tous au fil du temps. Il reste là, encré dans les chairs, à nous bloquer dans un passé, que cela soit avec des regrets, des remords, nous rappellant que les temps étaient mieux avant, ou qu’à l’inverse il nous remémore nos erreurs, sans cesse lorsque nous posons les yeux sur cette surface de peau teintée.
Lorsque nous nous faisons tatouer pour quelqu’un qui sur l’instant nous est proche, comment pouvons nous imaginer que cela sera le cas plus tard? Comment, la personne qui remplacera cet être perdu, quitté, ou perdu de vue prendra la chose? Aimeriez-vous que votre partenaire est sur le corps le portrait d’un de ses ex, vous rappelant ainsi que tout est éphémère même l’amour à l’inverse de l’encre?
Pourquoi cet exemple? C’est simple, il y a quelques années, j’ai revu un de mes ex avec qui je ne suis ni en bon, ni en mauvais termes, la première fois, tout fier de lui, il me montrait son mollet avec un tatouage en cours, une piratesse, il m’explique fièrement que c’est sa chère et tendre qui est représentée sur sa jambe. Je ne dis rien, je le connais, il n’y a rien à dire.
Quelques années plus tard, je le croise à nouveau, encore par hasard, cette fois, ça n’est pas de son tatouage dont il me parle mais de sa nouvelle vie: il n’est plus avec la demoiselle, mais une nouvelle, qu’il va épouser…
Je pense que vu la taille du motif, il n’a pas pu le recouvrir, ni même l’effacer, donc, j’en déduis que la nouvelle fiancée (je pense que depuis cela à encore dû changer), à donc le plaisir de voir son mec tous les jours orné d’un portrait de son ex sur le mollet. Je ne sais pas vous, mais moi, cela ne m’enchanterait pas plus que ça.
Il y a une autre chose, encore plus personnelle, qui explique mon rejet des tatouages, l’association entre les personnes que j’ai connu, tatouées, et la peine qu’ils/elles ont pu me faire. Le raccourcit est sans doute idiot, mais on ne peut pas toujours lutter contre ses pensées et ses associations d’idées, je pense que Freud serait de tout coeur avec moi.
A l’inverse, je me dois de reconnaître que je n’ai rien contre les tatouages tribaux (pas dans le sens des motifs, mais dans le sens ethnologique), des ethnies qui perpétuent des traditions séculaires, religieuse, qui font partie des moeurs et des us et coutumes depuis la nuit des temps. La démarche est différente, les tatouages font alors partie intégrante de la culture, des codes sociaux, de la mémoire du groupe. La notion est pour moi extrêmement différente.
Enfin, l’idée du permanent m’effraye, le fait de montrer une image qui sera la même durant peut être 50 ans, la même, avec comme seule modification, les signes de vieillissement, la peau, qui vivante sous ces couches d’encre, tente encore de prouver qu’elle est là, existante, vivante malgré les fards qui la masquent. Montrer à soi mais aussi aux autres nos plus profondes pensées, nos plus profondes erreurs, notre passé, devoir expliquer nos choix, nos goûts, même si ceux-ci ne sont plus du tout en adéquation avec la personne que nous sommes à ce jour.
Expliquer, se justifier, c’est devoir s’ouvrir au premier venu…