Je n’ai pas envie de vivre, je ne dis pas pour autant que j’ai envie de finir, loin de moi cette idée.
Par expérience (trop nombreuses), je sais que le suicide est sans doute la chose la plus lâche que l’on puisse faire, que ça soit pour ses proches, mais aussi pour ceux qui réclament une quelconque justice.
Laissons de côté le cliché de la gothique fascinée par la mort, et par le suicide, s’habiller de noir n’est pas synonyme de tendances suicidaires potentielles.
Malgré tout, et je parle de moi exclusivement à travers cet article, je dois reconnaître que je vois peu d’intérêt à la vie, à l’existence dans son ensemble.
Je n’ai jamais demandé à naître, je n’ai jamais demandé à exister, à croître et à évoluer.
Personne ne m’a jamais demandé si je souhaitais faire parti de ce monde, ce monde que je ne comprend pas. Je ne comprend pas plus, comme tout à chacun, le sens de l’existence, nous sommes ici, sur cette Terre, sans comprendre le pourquoi du comment (je ne parle pas du « comment on fait les bébés », je pense que chacun est plus ou moins au courant du mode d’emploi), non, je parle de la traditionnelle question philosophique sur le sens de la vie, sur notre but.
J’ai bon me creuser les méninges, je ne comprend pas pourquoi je suis ici, je ne comprend pas ce que l’on attend de moi, de mon existence d’ermite qui n’a aucune envie de s’intégrer au monde environnant.
Je suis lasse de voir la vie comme une succession d’épreuves, plus ou moins dures, plus ou moins violentes, où nous sommes rarement les maîtres du jeu.
Je suis fatiguée de devoir me trouver une voie dans laquelle je suis censée me tenir, et ce pour un bon bout de temps.
Je ne comprend pas où cela me mène, j’aimerais juste restée bloquée dans la période adolescente, une période où l’on sent la vie s’infiltrer dans toutes les fissures de notre être, sentir son coeur, qui vibre, qui nous emmène là où l’âge adulte et la raison qui l’accompagne nous empêchent d’aller.
Je souhaiterais tant rester bloquée dans une faille temporelle, là où les jours sont ceux que l’on désirent, où il n’est pas question de prendre sa vie en main, où les duretés de la vie sont effacées par les folies de la jeunesse.
Mais hélas c’est impossible, je suis prisonnière du cheminement du temps, prisonnière du vieillissement obligatoire et de l’âge qui peu à peu avance, menant à des chemins de pierres tranchantes, qui ne me semblent en aucun cas m’apporter le bonheur de la maturité.
Je ne rêve en rien des plaisirs tant commun de l’âge adulte, je refuse au contraire toutes ces obligations sociales qui me semblent être un carcan anxiogène, des choix à faire qui sont définitifs, ou presque, et principalement effrayants.
Je ne sauterais jamais le pas du mariage, Saint Graal pour tant de mes consoeurs, je refuse de transformer mon corps, mon esprit et ma vie pour mettre au monde un être qui au même titre que moi n’aura rien demandé et qui souffrira milles maux alors qu’il n’aura en aucun cas eu son mot à dire dans sa naissance.
Je fuis le travail et les responsabilités, me noyant dans une oisiveté qui aujourd’hui est un part majeure de mon existence. Non, parce que je suis née avec une jolie cuillère en argent dans la bouche, mais juste car cela m’effraye comme tout le reste, peur de perdre ma vie, de la voir défiler et d’ouvrir un jour les yeux en m’apercevant que celle-ci est derrière moi, et que je n’ai pu profiter de rien, que je n’ai pu ouvrir différentes portes car j’avais franchi le seuil de la première qui me passait sous la main, et que la serrure s’est fermée derrière moi, m’enfermant à double tour dans un mode de vie que j’avais choisi sur un coup de tête.
Je n’aime pas être celle que je suis, mais je ne pense pas que j’aimerais celle que je pourrais devenir si je passais le cap de l’âge adulte.
J’ai 28 ans, mais en fait, il serait plus honnête de dire que j’ai 17 ans depuis 11 ans.
Chaque démarche qui doit me mener à devenir plus mature déclenche à coup sûr des insomnies et des angoisses qui se transforment en maux physiques.
Je ne peux me contraindre à vivre comme mes pairs… Cela est trop effrayant, adopter des codes d’adultes me donnent la sensation que la vieillesse s’approche, et la mort au bout du chemin, la sensation d’avoir gâché cette vie, qu’importe que je l’apprécie ou non…
Ne pas avoir de but dans la vie vous mène au statu quo, l’impossibilité d’avancer, la peur de faire des choix qui se révéleront être des erreurs, parfois même peut être létales, qu’en sais-je après tout?
L’anxiété, la peur du lendemain, la peur de la peur, la peur de l’erreur, vivre dans l’angoisse permanente d’échouer, donc ne rien faire pour se prémunir des déceptions, des déchéances.
Laisser couler sa vie comme une eau flemmarde, s’écouler peu à peu, réfléchir à s’en rendre folle, au sens propre comme figuré…
Vouloir revenir en arrière, ne pas supporter l’échec, car chaque échec donne encore plus la sensation que nos décisions sont des erreurs, et que moins nous déciderons, moins nous risquerons.
La vision est complexe, chaque être est différent, je suis ainsi, je ne peux changer, à moins que je ne le veuille pas, je ne sais pas…
J’ai sans doute trop souffert, trop vu, trop vécu, trop subit, je préfère faire marche arrière. D’autres ont soufferts plus que moi, je ne le nierais jamais, mais chacun choisi sa carapace, chacun choisi ses méthodes pour survivre dans ce monde si cruel.
Je sais que sur mon lit de mort j’aurais des remords et des regrets, que je risque de perdre plus que de gagner, mais, la peur me rend comme un animal devant les roues d’une voiture lancée à la vitesse de l’éclair, je ne bouge pas terrorisée…
Rien de se que l’on me dit n’arrive à me faire changer, rien de se que je me force à faire n’a de continuité, je ne suis pas la faignante dont on à l’impression, non, juste une lâche qui a peur de son ombre et d’un hypothétique futur.
XXX
Venus, Vae Victis